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Mens Alors !
11 octobre 2007

Magic public

Ma contribution au débat, j'aimerais la faire sur un thème qui affleure quand on parle de Mens Alors! C'est même le bouquet garni du festival, son parfum si ténu, si délicat et pourtant si enveloppant; je veux parler du public magique, du public créateur de Mens Alors!

Je me souviens de la première édition, quand j'allais moi aussi rencontrer les habitants de Mens et des environs sans oser leur dire vraiment les intentions de Pierre mais en évoquant cette envie qu'il avait et que nous partagions d'inviter des artistes (musiciens principalement à l'époque) à Mens. Tous ceux à qui nous en parlions nous disaient que toutes les tentatives précédentes s'étaient essouflées et avaient coûté de l'argent pour pas grand chose.

Aujourd'hui, aprés la cinquième édition, l'argent investi dans cette aventure est largement « récompensé » par l'énergie que le festival apporte à Mens, aux artistes et à ce public que l'on pensait blasé, incurieux, peu soucieux de culture, préoccupé seulement par sa vie quotidienne ou par le programme télé...

et pourtant, le festival n'a pas la prétention de répondre à un quelconque besoin social ou politique, il ne s'inscrit pas d'abord dans une démarche militante ou pédagogique, il ne tient pas compte des goûts du public comme TF1 le fait par exemple, il ne prétend pas changer la face des choses...

et pourtant, pourtant, ce festival rassemble dans un alchimie dont Pierre pourrait bien être le modeste Merlin un incroyable mélange de populations d'âges, d'origines, de cultures aussi diverses qu'opposées parfois et qui année aprés année participent de plus en plus nombreuses à CHACUN des spectacles proposés! Alors même que les artistes ne sont pas nécessairement connus et même parfois tout à fait amateurs comme le modeste contributeur qui vous parle: -vous auriez vu ma tête quand je m'apprétais à venir retrouver le public dans le champ de Claude (le merveilleux) à Clelles (

25 km

de Mens et pour la première fois qu'une série de spectacles était proposée là) et que j'étais obligé de rebrousser chemin en attendant que tout le monde soit arrivé et installé( sans doute plus de 200 personnes pour assister à un monologue amateur d'une heure tiré d'un texte de ce rébarbatif Paul claudel et le tout avant de manger!)

Pierre imagine sa programmation avec ses coups de foudre, ses amis, son envie de faire partager le meilleur à tous et voilà que naturellement 2 à 300 personnes se retrouvent « éblouis »devant des propositions aussi incongrues que les 7 heures de Peer Gynt en déambulation jusqu'à point d'heure, les élucubrations poétiques et drôles d'un chanteur avec son violoncelle, la promenade en ville, emmenés par le joueur de saxo et sa danseuse enlumineuse, le radio crochet avec la bande à Gaspard, le travail de chorégraphie avec les handicapés en vacances... et les bals Rigodon et cette année Disco qui donnent le ton et qui font que le public s'empare de la scène comme de la sienne avec cette incroyable capacité d'invention et de générosité. Et les hébergeurs! On n'a pas idée de ce qu'ils cimentent dans cette bâtisse de Mens Alors! qui se monte aussi vite que le chapiteau et se démonte, un peu abasourdie mais confiante en attendant la prochaine édition.

C'est évidemment formidable que les musiciens, les plasticiens, les comédiens se rencontrent à Mens et aient envie de monter des spectacles ensemble par la suite mais c'est un peu dans l'ordre des choses, ils savent ce qu'ils font et Mens Alors! est là pour les encourager, mais combien plus étonnante et émouvante est cette attention du public et cette chaleur qu'il transmet aux artistes qui sont « alors » rendus à l'authenticité de leur art. Je revois encore Pierre Antoine prendre sa guitare à la fin de Peer Gynt et donner l'aubade finale.

Bien sûr qu'il y a des mécontents, il n'y a pas de consensus mou à Mens alors! Mais il n'y a pas de guerre, ça n'empêche pas d'en parler, et de la souffrance sous ces aspects les plus insupportables, justement parce que c'est possible ici de s'émouvoir du monde et de ses tourments, de l'homme et de ses misères avec l'aide de grands artistes et d'autres qui le seront et avec l'aide de ce public qui intervient de plus en plus dans le déroulement de la vie vibrante du festival. Il ne s'agit pas de préserver cela il s'agit qu'il vive ce public indéfinissable. Mens Alors s'éteindra peut-être le jour où nous pourrons identifier son public comme on identifie le public qui va au concert de musique classique, de rock, de la dernière pièce d'Edward Bond ou de l'Opéra...

vive le public créateur de Mens Alors!

D.Q.

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